Organisation
L’Etat peut-il vivre au-dessus de ses moyens ?
Dans le langage courant, l’expression « vivre au-dessus de ses moyens », parfois opposée à une autre formule du type « gérer en bon père de famille », s’applique à une sphère de gestion domestique et concernent des catégories d’agents économiques privés (ménages, entreprises …). Associer l’expression « vivre au-dessus de ses moyens » à un Etat aurait pu ainsi surprendre il y a encore quelques années tant il était admis que les administrations publiques restaient des acteurs économiques d’un genre particulier ne pouvant notamment « faire faillite ». Pourtant, la crise des endettements publics révèle désormais que les gouvernements subissent des contraintes similaires à celles des autres catégories d’agents économiques : la nécessité d’équilibrer un budget ; l’impossibilité de vivre durablement à crédit ; ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne. A cet égard, l’expression « Etat » pourrait ici être entendue au sens plus large des administrations publiques dès lors que la dépense publique est aujourd’hui le fait non seulement de l’Etat mais aussi est surtout des organismes sociaux et des collectivités territoriales. Evaluée, en 2010, à environ 1 094 Md€, la dépense publique relève en effet pour plus de 502 Md€ des administrations de sécurité sociale, pour 302 Md€ de l’Etat, pour 222 Md€ des administrations publiques locales et pour plus de 67 Md€ des organismes divers d’administration centrale. Il reste que, même dans le contexte actuel, des interrogations et des débats subsistent pour savoir si l’on doit attendre de la puissance publique et de ses administrations les mêmes exigences que celle d’un individu, d’une entreprise ou d’une association. Formuler la question « l’Etat peut-il vivre au-dessus de ses moyens » revient à se demander si la gestion publique doit s’apparenter à la gestion privée. Cela revient également à s’interroger sur la nature des responsabilités particulières des