orage et desespoir
Les quatre géants ferraillent aussi sur les autres pays émergents. H&M vient de s'implanter au Mexique, en Thaïlande, en Lettonie. Le suédois lorgne désormais l'Afrique du Sud, où Zara a prévu d'ouvrir à Johannesburg et Cape Town. L'espagnol investit aussi l'Australie, Taïwan et le Pérou. L'américain Gap s'aventure en Amérique du Sud, via le Chili.
Uniqlo chasse par ailleurs sur les terres d'origine de ses rivaux. Après tout, l'Europe reste, en valeur, le premier marché au monde pour l'habillement. Le japonais voit aussi du potentiel aux États-Unis. Après avoir inauguré deux «flagships» à New York, il annonce une première boutique à San Francisco, ainsi qu'un centre d'innovation et des bureaux pour gérer logistique et ressources humaines. Il compte ouvrir des centaines de boutiques aux États-Unis, y voyant un marché de 10 milliards de dollars d'ici à 2020. H&M, qui a ouvert 200 boutiques aux États-Unis depuis 2000, et Zara, qui en compte 47, ne pourront pas prendre le risque de voir le japonais profiter seul des déboires de Gap sur le territoire américain.
Aucun des groupes ne peut délaisser son marché traditionnel, au risque de céder des parts de marchés. Zara et H&M poursuivent ainsi leur offensive en France. L'espagnol débarquera à La Rochelle (Charente-Maritime) après l'été ; le suédois investit lui de plus petites villes, comme Roanne (Loire).
Cette conquête accélérée sur tous les continents oblige les géants de la mode à remodeler leur stratégie et leurs méthodes de travail. Paradoxalement, l'affinage des collections s'avère relativement simple. Ces dernières restent en effet à 80 % communes à tous les pays. Zara a ajouté une taille XXS pour le Japon, Gap des tailles plus petites à Shanghaï, «où les gens sont plus petits», et d'autres plus grandes à Pékin... H&M a lui formaté des vêtements dédiés