Olivier schwartz - le monde privé des ouvriers (fiche de lecture)
Olivier SCHWARTZ - Le Monde privé des ouvriers, coll. Quadrige, PUF, Paris 1990. 531 pages
1/ Le positionnement du chercheur et la méthodologie utilisée
Olivier Schwartz dans ce livre, qui est en fait sa thèse, s’intéresse à l’ensemble HLM des «Ilots», dans la ville de Laimericourt, située dans le bassin minier. Il adopte ici une position qu’il qualifie lui-même d’ethnologue, en étudiant les rapports à la sphère privée d’environ 90 habitants: «les formes de la vie familière dans la classe ouvrière» mais aussi leur rapport au «foyer» en général.
L’auteur réside en fait dans cette cité de HLM et s’y insère à double titre: en tant que membre interne (voisin, ami d’une personne déjà intégrée, membre de l’Association des Locataires des Ilots) et en tant qu’observateur, enquêteur.
Ce qui lui semble dérangeant réside dans cette double identité. En fait, s’il est bien un habitant des Ilots, les autres statuts dont il dispose ont été créés par lui même et dans le but de créer des liens «intimes», de s’infiltrer dans le milieu que constitue les habitants «ouvriers» des Ilots. Le fait qu’il s’intéresse à la vie très privée de ces personne nécessite cependant l’établissement d’une relation de confiance, il rappelle lui-même que certaines personnes n’ont pu se dévoiler qu’après de très nombreux entretiens, ou alors se remettaient à parler de choses «superficielles» s’il sortait le magnétophone. De plus, cela peut représenter un cas de conscience morale: il s’intéresse à eux uniquement pour confirmer ou infirmer des hypothèses, ce qui consiste pour Schwartz un «viol de l’intimité et des vérités dérobées».
C’est pourquoi toutes les retranscriptions d’entretiens ne sont pas «parfaites» dans le sens où elles colleraient mot pour mot au discours, mais consistent aussi bien souvent en la réécriture soit d’un discours fourni, soit d’un récit des interrogés, «le souvenir d’un souvenir» par l’auteur. Le fait aussi qu’Olivier Schwartz ne soit pas