Oeuvre sociale
L’ACTION SOCIALE, ŒUVRE DE LA GRÂCE
Robert SOMERVILLE
La grâce contre les œuvres : n’est-ce pas là l’Évangile ? Oui, s’il s’agit d’œuvres à prétention méritoire, pour acheter ce qui ne se vend pas. Mais la grâce enfante des œuvres, partout où elle passe. Il revenait à Robert Somerville de le rappeler, à lui dont les écrits et les prédications sont comme les variations d’un virtuose sur se thème, la Grâce, inlassablement la Grâce !
Les œuvres sociales chrétiennes sont un témoignage rendu à la grâce de Dieu. Il existe un lien direct entre le salut par grâce et « les oeuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions » (Ép 2.8,10). Le monde vit sur le principe du donnant-donnant : « on n’a rien sans rien », « à aucun selon ses mérites ». C’est là au fond le principe de la loi, nécessaire pour mettre en frein au mal et à la violence, permettant une certaine coexistence pacifique dans un monde pécheur, mais insuffisant pour créer une véritable communauté. Car il fait de la vie une lutte, un examen perpétuel. Ceux qui n’y arrivent pas ne trouvent pas leur place. On nous juge d’après ce que nous pouvons donner en échange de la reconnaissance sociale, d’après notre rentabilité. Le résultat, comme le dit Jean Vanier, c’est qu’« on a surdéveloppé l’agressivité nécessaire pour vivre et pour réussir ». Par contre-coup, « les personnes non-productives, plus faibles, à cause d’un handicap, de l’âge ou de la santé, ont du mal à trouver une place. On les écarte. » L’action sociale consiste précisément à s’intéresser à ces faibles, ces pauvres, ces inutiles, ceux qui sont une charge pour la société. Elle cherche à inclure les exclus, à leur donner une place. À la lumière de l’Évangile, ce souci des pauvres n’est pas motivé par l’espoir de les récupérer, de les rendre productives, mais simplement par amour, parce que ce qui leur donne de l’importance, c’est l’amour que Dieu a pour eux. Jésus-Christ, pendant