Nous est-il permis de juger autrui ?
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« Je trouve mon voisin grossier et méprisable. » Voilà un jugement typique que n’importe lequel d’entre « nous » (c'est-à-dire un individu ou une communauté ayant ses propres valeurs, normes, etc.) pourrait faire à propos d’autrui, cet autre être pensant. Ainsi ce n’est pas tant la possibilité d’émettre des jugements, chose qu’il nous est possible de faire à longueur de temps (mis à part les malades mentaux), que la légitimité de ces jugements qui est mise en cause par le sujet. En effet, il semble que nous manquions d’objectivité, pour juger cette autre chose pensante en premier lieu, mais également envers nous-mêmes et ce que « nous » représentons. Il est donc légitime de se demander si nous sommes à la bonne place pour juger autrui, si la distance (« l’altérité ») existante entre autrui et nous rend tout jugement injustifié, injustifiable, ou même vain dans le cadre du respect d’autrui. Cependant, il n’existe aucune société humaine, communauté, etc. qui soit exempte de jugements (de qualifications, d’évaluations, de condamnations, et donc de classifications). Il se pourrait alors qu’il semble nécessaire aux hommes de juger leurs semblables en fonction de certains critères qui varieraient aux grés des cultures. On peut donc se demander s’il nous est permis de juger autrui, c'est-à-dire si « nous », en tant qu’individu ou communauté disposant de certaines valeurs et normes, avons la légitimité de qualifier, d’évaluer, de condamner et donc de classifier autrui, cet autre être pensant que nous même, sans remettre en cause le respect dû à autrui en tant que personne.
Tout d’abord, il semblerait que nous ne soyons pas les mieux placés pour juger autrui, car nous jugeons toujours à partir de nous même. Considérer autrui comme un être pensant revient tout d’abord à dépasser la posture solipsiste (Solipsisme : du latin solus (seul) et ipse (soi-même), doctrine selon laquelle il n’existerait pas d’autre réalité que moi-même en tant que sujet pensant), mais cela ne