Notions postmoderne
C’est à cette question que ce livre voudrait répondre, à partir d’un point de vue littéraire qui, se fondant sur la suprématie du roman-roi dans les valeurs de la médiasphère, se donne pour objectif d’y rechercher les manifestations du postmodernisme. Ce travail repose donc sur une double hypothèse : celle de la postmodernité comme seuil, désignant les mutations contemporaines qui ouvrent l’espace social à un après, encore informulable et celle du roman postmoderne comme symptôme de ce passage vers un impensé. D’où l’intérêt du préfixe post qui, pour continuer la métaphore du seuil, nous fait quitter, sans vertige millénariste, un espace familier, celui de la modernité, pour un autre dont il faut avouer que nous ne savons rien ou presque, ce qu’implique le néologisme par composition : post-moderne.
Pourtant le mot rencontre en France une vive résistance, dans le milieu universitaire comme chez les écrivains eux-mêmes. Dans un roman comme Outback ou L’Arrière-monde
4, Claude Ollier, tout en pratiquant réécriture (du road-movie), décentrement et citation, refuse de se reconnaître sous l’étiquette postmoderne, synonyme pour lui, d’éclectisme, tandis que
Marie Redonnet, héritière, dans sa trilogie américaine, du postmodernisme de Paul Auster, réclame une « relance de la question de la modernité »5. Alain Nadaud qui, en 1987, pose dans L’Infini cette question cruciale : « Où en est la littérature ? » assemble quelques éléments de la problématique mais le terme lui fait défaut et il ne peut que faire le constat d’une impuissance de la critique à penser le renouveau de la littérature, après la « glaciation