Notes sur Phèdre de Racine
« Phèdre » in Sur Racine, Roland Barthes
« L'enjeu tragique est ici beaucoup moins le sens de la parole que son apparition, beaucoup moins l'amour de Phèdre que son aveu. Ou plus exactement encore : la nomination du Mal l'épuise tout entier, le Mal est une tautologie, Phèdre est une tragédie nominaliste. »
« Phèdre est son silence même : dénouer ce silence, c'est mourir, mais aussi mourir ne peut être qu'avoir parlé. »
« La constriction d'Hippolyte est d'essence, celle de Phèdre est de situation. »
Silence d'Hippolyte → Hippolyte hait la chair comme un mal littéral, Éros est contagieux et le seul regard de Phèdre sur Hippolyte corrompt Hippolyte.
Dans Phèdre, la parole est substitut de vie : par la parole dénouée, par l'aveu, c'est le principe même de la vie qui semble s'en aller.
Pourquoi la Parole est si terrible ? « C'est d'abord qu'elle est un acte, le mot est puissant. Mais surtout c'est qu'elle est irréversible : nulle parole ne peut se reprendre : livré au Logos, le temps ne peut se remonter, sa création est définitive. » Ainsi Œnone va non pas annuler l'aveu de Phèdre mais le retourner ; et Thésée ne peut défaire le langage quand il demande à Neptune de tuer son fils.
Le monstre dans Phèdre : tous les personnages sont monstres pour les autres. Et c'est un monstre véritable qui intervient pour dénouer la tragédie. Dans sa structure biologique, il résume le paradoxe fondamental de Phèdre : « à la fermeture principielle d'Hippolyte correspond tragiquement (c'est-à-dire ironiquement) une mort par éclatement, la pulvérisation, largement étendue par le récit, d'un corps jusque-là essentiellement compact. »
Caractère formel du mal de Phèdre. Claudel : « Phèdre est une atmosphère à elle toute seule. » Une construction postiche pour naturaliser la souffrance du secret. « Le Mal est terrible, à proportion même qu'il est vide, l'homme souffre d'une forme. »
Sur la tragédie racinienne en général : « Logos