Dès que nous parlons, nous en disons plus que nous n’en pensons
La parole est en deçà de la pensée de manière involontaire puisque les carence du lexique limitent ou dénaturent parfois la pensée. L’emploi stéréotypé des mots condamne à une pensée stéréotypée. Par exemple, les mots anglais chez Verlaine se méfient des paroles et essaient de créer une langue nouvelle. De plus la parole peut s’embarrasser de préjugés et de code sociaux, comme le montre Marivaux dans Les Fausses Confidences, puisque Araminte et Dorante sont paralysé par des préjugés de classe. Cependant la parole peut être volontairement de ce côté de la parole étant donné qu’elle est retenu dans le cas du mensonge ou de l’ironie. Platon l’illustre dans Phèdre lorsque Socrate feint d’admirer le discours de Lysias et retient sa pensée dans son premier discours. Mais la parole ordonne et constitue la pensée.En effet la parole est spontanée et ajoute aussitôt au flux intérieur qu’est la pensée, son ordre, son intonation. Par exemple, chez Verlaine, le choix de certaines formes et rythme des assonances « EUR » exprime la nature propre de son tempérament veule et divisé (Ariettes). La parole est aussi intersubjective ; la pensée s’élabore dans le feu du dialogue. Penser, c’est parler comme lorsque Socrate utilise toutes les ressources de la maïeutique pour convaincre et séduire Phèdre. Parler, c’est utiliser des formes, des contraintes linguistiques, un vocabulaire nuancé qui affine la pensée brute. Dubois