No et moi
L’ORIGINE DU LIVRE
“Au tout début, c’est une image qui me heurte, presque chaque matin, et qui finit par me hanter: ces silhouettes perdues, ici ou là, sur le boulevard Richard-Lenoir, dans la morsure de l’hiver; des jeunes femmes aussi, parfois seules avec leur chien, parfois entourées d’hommes.
Ainsi naît l’envie d’écrire autour de ça, d’approcher par l’écriture quelque chose qui me heurte et que je ne connais pas.
Je n’ai pas écrit ce livre pour délivrer un quelconque message. Mais je me dis que l’écriture peut rendre compte, par la fiction, d’une image qui me blesse. C’est une manière d’être au monde, sans doute, de lui tendre un miroir, peut-être de l’apprivoiser.”
LA CRÉATION DES PERSONNAGES
“Il y a d’abord eu No, puis Lou, puis sans doute ses parents. Lucas est venu plus tard.
Au départ, je pensais que Lou ne serait qu’une voix qui rendrait compte d’une situation. Une médiatrice entre No, plus abrupte, et le lecteur. Quand j’ai rendu la première version du livre à mon éditeur, Karina Hocine, elle m’a dit: « Ça va être formidable, mais tu as fait la moitié du chemin ». J’ai compris qu’il manquait quelque chose, un personnage qui était là sans y être. C’était Lou, telle qu’elle a pris forme ensuite, pour devenir sans doute le personnage principal.”
LA FIN DU LIVRE
“Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant que la fin soit positive pour Lou et pour Lucas, mais plutôt qu’elle ne le soit pas pour No. No et moi est le seul livre que j’ai commencé sans savoir comment je l’achèverai. Je voulais que la fin s’impose comme la seule possible et c’est ce qui s’est passé au moment de l’écriture. J’ai imaginé des issues plus tragiques pour tout le monde. J’y ai renoncé parce que la violence silencieuse est souvent la plus rude.”
LE PROCESSUS D’ÉCRITURE
“La première version reposait sur une construction plus compliquée qui alternait le passé et le présent. Je suis finalement revenue à une chronologie plus