La conscience n’est qu’un réseau de communications entre hommes ; c’est en cette seule qualité qu’elle a été forcée de se développer : l’homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s’en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent -du moins en partie- à la surface de notre conscience, c’est le résultat d’une terrible nécessité qui a longtemps dominé l’homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible ; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu’il eût une « conscience», qu’il « sût » lui-même ce qui lui manquait, qu’il « sût » ce qu’il sentait, qu’il « sût » ce qu’il pensait. Car comme toute créature vivante, l’homme pense constamment, mais il l’ignore. La pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu’il pense : car il n’y a que cette pensée qui s’exprime en paroles, c'est-à-dire en signes d’échanges, ce qui révèle l’origine même de la conscience.
Nietzsche; Le Gai Savoir, 1881
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
[Le corrigé qui suit est le commentaire rédigé, tel que je l’aurais rendu, si je devais passer le baccalauréat. Bien entendu il n’exclut pas le fait que tout un travail au brouillon a été réalisé auparavant. Beaucoup de copies ont péché par l’absence d’une lecture précise du texte. Il est vraiment impératif de faire un lourd travail au brouillon, pour distinguer la thèse du problème philosophique, et les différents concepts élaborés par Nietzsche. Nous noterons également l’importance du travail de comparaison avec ce que vous avez vu en cours. Il fallait être capable de distinguer l’approche nietzschéenne du cogito cartésien, et