Necessité de la solidarité?
Pour commencer, je vous invite à méditer ces mots de Pierre François LACENAIRE (Mémoires/José Corti 1991)
« Voudrais-je prétendre par-là que je n'aie jamais rencontré d'hommes bons et vertueux et que je me sois cru supérieur aux autres ? Non sans doute ; j'ai rencontré souvent des hommes qui avaient de rares et précieuses qualités, des hommes honnêtes et délicats, des hommes attachés à leurs devoirs et pratiquant la vertu, ce que vous appelez la vertu vous autres du moins. Quant à moi, je ne connais qu'une seule vertu, mais elle vaut toutes les autres, c'est la sensibilité. Or, combien peu d'hommes la possèdent ! Combien peu d'hommes compatissent aux misères d'autrui autrement qu'en théorie et dans de beaux livres ! Chez la plupart, quelle dureté, quelle indifférence pour tous les maux qui ne les touchent pas ! Combien en est-il qui n'ont d'autre aumône à donner à celui qui leur tend la main, que ces mots jetés du haut de leur! Morgue stoïque : Travaille, paresseux ! Il ne faut pas encourager le vice et l'oisiveté, disent-ils pour excuse. Vice tant que vous voudrez ; si le vice ne devait pas manger, seriez-vous bien certains de dîner aujourd'hui, riches si froids et si orgueilleux, qui ne savez même pas placer un bienfait sans humilier et qui le faites même à dessein pour montrer une supériorité que vous ne devez qu'à votre or ? »
Le devoir de solidarité entre les hommes est fondé sur ce sentiment hautement humain qu'est la compassion. Je sais que ce mot agace parce que souvent connoté de façon péjorative. Car, habituellement, il sous-entend pitié, condescendance et mépris. Cependant, étymologiquement, le2 mot compassion ne devrait pas nous faire peur. Il tire ses origines de cum et de pati, souffrir avec c'est à dire partager la souffrance d'autrui. Le contraire de compassion est cruauté, dureté, indifférence, insensibilité. Comme les autres sentiments humains, amour, haine jalousie