Nathalie sarraute - "enfance", la relation enfant / mere
Nathalie Sarraute - Enfance
Enfance de Nathalie Sarraute est un roman autobiographique publié en 1989. Dans cette œuvre, l’auteur se parle comme si elle était deux personnes différentes. L’extrait étudié est le récit d’un souvenir dans lequel sa mère, occupée à débattre avec Kolia, rejette la petite Nathalie, qui avait voulu la défendre. En quoi le fait de monologuer sur des faits restés flous peut-il aider à les percevoir plus clairement bien des années plus tard ? Pour répondre à cela, nous étudierons tout d’abord la forme particulière de dialogue présent dans cet extrait, puis l’idée de l’abandon ressenti par l’auteur.
Nathalie Sarraute revient sur ses souvenirs en utilisant un dialogue, qui est en réalité un monologue à deux facettes, entre elle et sa conscience. Ce procédé original la pousse à revenir sur elle-même, à ne pas se mentir, et à dégager une analyse bien plus intime de ses souvenirs. Le monologue de l’auteur apparaît comme un dialogue qui se déroulerait entre elle et sa conscience. Cette forme d’énonciation, singulière et surprenante, présente un échange d’idées permanent et des oppositions, tout comme l’étayent les lignes 45 et 49 : « Non, cela, je ne l’ai pas pensé… », « Non, tu vas trop loin… ». Ces oppositions indiquent que l’auteur réfléchit sur les limites de ses sentiments en même temps qu’elle les écrit ; elle s’interdit donc certaines répliques, que la part narratrice d’elle-même considère comme fausses, car exagérées. Le choix du dialogue nécessite également l’utilisation des pronoms « je » et « tu », qui désignent tous deux Nathalie Sarraute, quelle que soit la part d’elle-même qui s’exprime – ligne 46 : « je te l’accorde… ». À plusieurs reprises, au cours de ce dialogue, la conscience de l’auteur intervient pour faire revenir cette dernière vers la vérité, vers des sensations plus précises que celles dont Nathalie Sarraute prétend se souvenir. Entre les lignes 15 et 18 se livre une sorte de confrontation des