L'Empire, c'est d'abord l'empereur, un homme qui à trente-cinq ans, refuse la place de Dieu parce que c'est "un cul de sac", un homme qui travaille douze, quinze, dix-huit heures par jour, un homme qui dialogue avec l'histoire, avec Alexandre le Grand, César et Charlemagne. Cet homme n'admet auprès de lui que ceux et celles qui le servent, et qui plus est, qui le servent comme il entend d'être servi. Il impose à la cour impériale une étiquette dont la rigueur implique l'ennui aux Tuileries comme à Saint-Cloud. L'empereur gouverne seul. Il convoque le Tribunat, supprimé en 1807, quand bon lui semble. Il lui arrive plus tard de ne pas convoquer le Corps législatif. Par la police, par la censure, par l'Université, il maîtrise ceux qui pensent et écrivent. Le pouvoir de l'Empire est le pouvoir de l'empereur. Entre 1802 et 1814, la population de la France passe de 27 millions à 29 millions. Cette population est essentiellement agricole et rurale. Elle l'est à Paris même puisque, en 1807, la ville ne compte pas 100 000 artisans sur les quelques 600 000 habitants de la capitale. Dans les campagnes, on commence de cultiver la betterave fourragère autant que sucrière. Cette culture met fin à la jachère. Elle accompagne la banalisation de la culture de la pomme de terre et celle de la chicorée et du tabac, celle du sucre de raisin encore. Autant de cultures qui conjurent les manques provoqués par le Blocus Continental qui interdit les importations. Le même Blocus permet à l'industrie française de distribuer dans toute l'Europe les marchandises conçues et fabriquées par les industries françaises. Aussi bien les tissus tissés sur les métiers de Philippe de Girard ou de Jacquard, que ceux imprimés sur les toiles de Jouy par les rouleaux