Mére ados
Aider les jeunes mamans à prendre leur place de mère
Véronique Bitouzé est psychologue clinicienne et formatrice. Elle est l’auteur de l’ouvrage Le fœtus, un singulier patient , paru aux éditions Seli Arslan en 2001.
De quoi sont faits les désirs de grossesse de ces adolescentes ?
Véronique Bitouzé : Il faut distinguer le projet d’avoir un enfant et le désir inconscient. Etre enceinte, devenir mère, ça permet de montrer à sa mère qu’on est devenue grande. C’est aussi s’opposer au monde des adultes, qui voudraient imposer la contraception. C’est encore recevoir et donner de la tendresse au bébé, réparer son enfance.
Chez les ados, bien des grossesses ne sont pas programmées. Il s’agit souvent d’un échec de contraception, car la contraception est plus souvent un projet d’adulte qu’un vrai projet d’adolescente.
Etre enceinte, est-ce une façon de s’affirmer pour ces jeunes femmes ?
V. B. : Oui, c’est une période de remaniement psychique, un moment où on ne sait plus qui on est ; on ne sait pas encore quelle femme on va devenir. La grossesse, c’est une façon de montrer qu’on n’est plus une enfant. C’est aussi une façon de montrer qu’on est quelqu’un qui a de la valeur, qui est important.
En quoi la période de l’adolescence rend-elle plus difficile le fonctionnement maternel ?
V. B : Pendant l’adolescence, le fonctionnement est un peu particulier : on a tendance à agir impulsivement, on est vite dans des relations conflictuelles, on a du mal à prévoir, à anticiper. Or, le bébé a besoin qu’on puisse anticiper ses besoins, il nécessite des soins réguliers, stables, continus... Tout cela est souvent un peu plus difficile pour une adolescente.
Les pères adolescents répondent-ils souvent présents dans ces histoires ?
V. B. : Dans ma pratique, les pères étaient assez souvent absents. Pour différentes raisons : ils ne sont pas mis au courant de la grossesse ou ils quittent leur amie ou ils ont peur. Parfois aussi, ils sont écartés par la