Mécanismes de la crise
Quand survient un accident, il est rare qu'il soit le fruit d'une cause unique. En principe, au moment de la création d'un système, d'un objet physique (un pont) ou d'un service immatériel (un montage financier), ses créateurs et les autorités de contrôles se sont penchés sur les conditions de son fonctionnement et sur les risques de ses dysfonctionnements. Ils ont évalué les marges de sécurité et les conséquences d'une rupture. Ils ont adopté les mesures préventives nécessaires.
Ce qui, le plus souvent, prend les hommes au dépourvu, c'est la conjonction de plusieurs causes. Le nombre de combinaisons possibles (la combinatoire) des effets de ces causes devient vite si élevé qu'il échappe aux calculs et surtout à l'imagination humaine.
La crise financière et la crise économique actuelle n'échappent pas à cette règle.
1e cause : Les "subprimes" et, plus généralement, les excès du crédit. Au point de départ de la crise actuelle, on trouve une intervention intempestive du Gouvernement américain auprès des banques. Rompant avec le libéralisme qui inspire habituellement les gouvernements républicains (de droite), celui de Georges Bush a cru bon d'inciter les banques américaines à accorder davantage de prêts aux populations défavorisées. J'ignore sous quelle menace ou avec quelle incitation. Cette intervention de l'État dans l'économie partait d'une excellente intention : rendre les pauvres propriétaires de leur logement. Et aussi sans doute d'une visée politique: les propriétaires sont généralement plus "conservateurs" que les locataires.
Pour obéir au gouvernement et permettre à une clientèle dépourvue de ressources d'emprunter, il fallait diminuer le coût de l'argent, taux d'intérêt des emprunts. Pour le faire sans être obligées de réduire leurs marges, les banques américaines ont étendu leur offre de prêts à taux variable. Tant que les intérêts restent bas, ils sont accessibles aux pauvres… Mais les prêts ainsi accordés, les créances