Monoloque tragique et délibératif
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Voilà. C'est terminé. J'ai raté mon heure de gloire, l'occasion de me distinguer. Ai-je eu tort ? Je n'en sais plus rien maintenant. Après tout, Stepan a raison. Je n'ai pas respecté les règles, je ne mérite pas la mission qui m'a été confiée. Et non content d'avoir déçu tous ces gens – le peuple en entier à vrai dire, tous ces gens qui pendant des mois, effectuaient patiemment, des journées entières, des repérages pour choisir le moment propice, j'ai rendu vaines les arrestations, les exécutions que cela a engendrées et le peuple russe qui, à ce moment même, aurait pu être libéré de l'emprise de ce despote et qui, par ma négligence - car j'aurais dû assurer la réussite de ma mission – subit la démence d'un tyran qui l'exploite ! Pourrais-je encore me regarder dans le miroir, si jamais je laisse pour toujours vivre dans la terreur un peuple qui m'est si cher ? Et pourrais-je et en sachant que j'ai sciemment et sans la moindre complaisance abattu des enfants ? Mais telle est la question, n'est ce pas ; doit-on sacrifier l'individu à la communauté ? Comme Jésus mourrut pour libérer son peuple, ces enfants auraient dû porter sur leurs épaules la liberté du peuple russe. Et pourquoi n'ont ils pas endossés leur rôles, pourquoi ne leur ai-je pas permis d'accomplir leur destin ? Car précisément, ce sont des enfants, que leurs épaules sont frêles, leurs vies à peine commencées. Et Stepan, quoiqu'il prétendit tantôt, aurait-il pu lui, aussi attendrissant que les enfants lui aient paru, porter atteinte à leurs vies, aussi innocentes soient-elles ? Et après tout, il fut le seul à ne pas comprendre ma résolution. Tous les autres m'ont presque encouragé, et affirmé qu'ils auraient agi comme moi. Néanmoins je me retrouve ici, rongé par le remord. Mais est-ce vraiment l'échec de la mission qui me torture ou mes intentions elles-mêmes ? Peut-être ne suis-je pas un héros, mais seulement un vulgaire meurtrier qui veut remplacer une tyrannie par une autre. Car si je suis prêt à