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« quand deux enfants sortent à la fois c'est déjà un esprit », employant pour les jumeaux le même terme kuléy « esprit/puissance » que pour les esprits ancestraux17. Effectivement les jumeaux se situent dans une catégorie intermédiaire leur donnant droit à un culte. « Vous, les jumeaux, si vraiment vous êtes importants il faut qu'on le sache en voyant vos bienfaits ! » rappelait un sacrificateur. Toutefois à la différence du culte aux ancêtres ce culte ne s'adresse pas à des disparus. Il n'honore pas non plus des jumeaux décédés et n'est pas destiné à contrecarrer de nouvelles naissances doubles18. S'adressant à des vivants exceptionnels il apparaît comme une demande de fécondité et de surplus de vie.
POUVOIR DES JUMEAUX
Les jumeaux sont présentés par les Mofu comme détenteurs de pouvoirs spéciaux, dont l'existence est affirmée à travers les prières qui leur sont adressées. Toutefois il faut remarquer que ces pouvoirs s'exercent surtout dans le cadre de la parenté, en particulier de la famille restreinte : ils ne s'étendent que rarement à l'ensemble de la chefferie ou de la principauté.
Le premier de leurs pouvoirs est le pouvoir sur le mil. Il se traduit de façon visible et bénéfique. Les jumeaux sont capables de multiplier le mil de leurs parents, aussi bien dans leurs champs que dans leurs greniers : « Ils peuvent disparaître pendant la nuit et rapporter de la richesse, du mil en particulier... Ils sont apparemment endormis mais leur âme est partie ». Inversement, ainsi que me l'expliquait le vieux devin Mangalay, si leur sacrifice est en retard ils peuvent menacer en rêve leur père de prendre tout son mil jusqu'à vider son grenier. « Si on suit bien leur règlement on peut devenir riche mais si on se trompe ils font du mal ! » Le pouvoir de tarir le mil reconnu aux jumeaux fonde le droit de leur père à en réclamer une portion à ceux qui sont en train de le battre. S'ils refusent, dit-on, les jumeaux «