Merleau-ponty, le visible et l’invisible
Chapitre 1 : Réflexion et Interrogation.
Dans Réflexion et Interrogation, premier chapitre de Visible et Invisible, Merleau-Ponty entend exposer le problème qui le concerne en le distinguant bien de celui des philosophies de la réflexion (de Descartes à Husserl, en passant par Kant).
Le souci de Merleau-Ponty est celui du rapport du moi au monde, mais il ne fera pas une philosophie du sujet et de l'objet : ce sont des notions qu'il critique. Et il reproche par ailleurs à la psychologie et à la science de rester trop tributaires de leurs significations ontologiques.
D'une part, Merleau-Ponty constate l'échec de la réflexion à penser, à partir de leurs notions, la perception : leur dualité est un obstacle épistémologique ; le monde en soi et le monde solipsiste de mes représentations fantômes sont négation de la réalité du corps et de celle d'autrui, de l'intersubjectivité. D'autre part, aussi ambitieuses et cohérentes que soient les dialectiques du sujet et de l'objet, l'expérience, simple et sauvage, n'en pourra que mieux les nier.
Ce qui compte, en revanche, dans la réflexion, c'est la réflexion elle-même et c'est sur elle qu'il faut réfléchir : pourquoi douter du monde, si ce n'est pour se punir d'y avoir cru ? Ce qu'il faut étudier, c'est notre rapport au monde pré-réflexif car c'est là que se trouve la vérité de la perception, qui n'est pas vérité de l'en soi et du représenté, mais du penser et du voir.
1. Le problème du monde.
Descartes écrit, dans les Méditations Métaphysiques : "...je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n'avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien de certain dans le