Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, naquit à Paris, où il fut baptisé le 15 janvier 1622. Sa famille exerçait depuis longtemps la profession de tapissier; et son père, qui se livrait également à ce commerce, le destina dès bas âge à lui succéder. L'office de tapissier valet de chambre du roi qui lui fut concédé quelques temps après, le confirma encore dans ce dessein. Il obtint pour son fils la survivance de cette charge, et, s'étant borné à lui procurer les notions les plus élémentaires de l'éducation, lui fit prendre part à ses travaux jusqu'à l'âge de 14 ans. Le caractère ardent du jeune Poquelin ne put se plier longtemps à une semblable vie; il témoigna le plus vif désir de s'instruire, et ce ne fut pas sans peine qu'il parvint à déterminer son père à satisfaire ce besoin d'apprendre. Il suivit comme externe les cours du collège de Clermont, dirigé par les jésuites, et eut pour condisciples Armand de Bourbon, Bernier, Chapelle, Hesnaut, et plus tard Cirano de Bergerac, parmi lesquels ses rapides progrès le firent bientôt remarquer. A peine eut-il terminé son cours de philosophie sous Gassendi, qu'en sa qualité de valet de chambre survivancier du roi, il accompagna Louis XIII à Narbonne, dans ce voyage que signala l'exécution des malheureux Cinq-Mars et de Thou. A son retour du Midi de la France , à la fin de 1642, il alla étudier le droit à Orléans, puis revint à Paris se faire recevoir avocat. C'est à cette époque que se développa chez lui le goût de la scène. Bientôt il se mit à la tête d'une société de jeunes gens qui, après avoir joué la comédie par amusement, la jouèrent par spéculation. Cette troupe était appelée "L'Illustre théâtre". Par égard pour ses parents, Poquelin prit alors le nom de Molière, que depuis a consacré l'admiration de la postérité. De 1646 à 1658, il fit avec sa troupe deux longues tournées en province, pendant lesquelles il fit représenter à Bordeaux une tragédie intitulée " La Thébaïde ", qui n'eut aucun succès; à Lyon en 1655,