Maupassant, bel-ami partie 1 chapitre 8
Dans cet extrait du chapitre 8 de la première partie de Bel-Ami, Forestier, malade, part à Cannes pour essayer de se soigner. Faisant jouer leur pacte d’amitié, Madeleine demande à Bel-Ami de les rejoindre afin de puiser auprès de lui un peu de réconfort. Mais, peu après l’arrivée de Duroy, Forestier s’éteint. L’action de l’extrait suivant se déroule pendant la veillée funèbre : Madeleine et Duroy sont seuls face au mort, et les pensées du journaliste vagabondent. Nous analyserons donc la méditation sur la mort à laquelle se livre Bel-Ami puis nous verrons en quoi le cadavre joue un rôle de révélateur sur lui. (Annonce des axes)
I- Une méditation sur la mort
Face au cadavre de son ami, Duroy le matérialiste se laisse aller à une réflexion sur la mort. Tout commence par la contemplation obstinée du corps, donc par les détails physiologiques de la mort, par ce qu’elle a de tangible : "visage décharné" que la lumière rend encore plus "creux". A partir de cette constatation, c’est le souvenir des paroles de Norbert de Varenne, mondain vieillissant, qui l’entraîne sur le terrain glissant de la méditation.
Nous remarquons alors que ses pensées se résument à deux éléments : jamais un être ne revient, et le caractère éphémère de la vie. Toutes les énumérations auxquelles il se livre, redondantes, dans un phénomène de gradation croissante - par exemple "on naît, on grandit, on est heureux, on attend et puis on meurt" - sont à l’image de son angoisse. Il n’existe nulle solution face à la mort, et elle est d’autant plus terrible et inéluctable chez lui qu’elle est exempte de caractère mystique ou religieux. Elle est ce "néant illimité" que rien ne peut arrêter, elle est totale, universelle. De fait, nous assistons à un mouvement d’ouverture au fil du passage : nous passons du cadavre particulier de Forestier, à un " on " générique, puis aux "plantes", "bêtes", "hommes", "étoiles", "mondes" : la mort englobe tout ce qui existe - bêtes, plantes,