Mateo
Un jour d'automne du début du XIXème siècle, Mateo Falcone, homme riche et réputé pour son habileté au tir et son passé un peu trouble, partit avec sa femme Giuseppa dans le maquis de Porto-Vecchio, laissant à la maison son unique fils, Fortunato, âgé de dix ans et honneur de la famille.
Celui-ci fut contraint de porter secours à Gianetto Sampiero, bandit blessé et pousuivi par des gendarmes, en le cachant dans une meule de foin.
L'adjudant Tiodoro Gamba tenta de faire parler l'enfant qui, après une résistance assez longue, succomba à la tentation de la récompense offerte par l'homme de loi et livra Gianetto à ses poursuivants.
Mateo et sa femme qui rentraient alors chez eux, apprirent de leur cousin Tiodoro que Fortunato avait participé à l'arrestation du criminel.
Après le départ des gendarmes, Mateo, blessé dans son honneur, abattit son fils d'un coup de fusil pour le punir de sa traîtrise et décida de faire venir son gendre à la place de Fortunato.
Il est d'un temps où les bandits sont des légendes et les dénoncer est considéré comme un déshonneur. Mateo Falcone étant un ancien bandit n'a pas accepté cette trahison de la part de son propre fils, ce qui peut expliquer qu'il l'ai abbatu.
'La sensibilité de Mérimée ne se manifeste pour ainsi dire jamais directement : il use presque toujours de quelque voie détournée lorsqu'il désire exprimer une émotion ; tantôt il la rattache à un souvenir de voyage, tantôt à une légende ancienne, tantôt encore à une anecdote historique, - et sous la grâce même du récit l'émotion vient à pointer, comme par un jour couvert, à la faveur d'une brève éclaircie, la montagne un instant perce la