marc aurèle
Tu te laisseras entraîner par le désir de la gloire ? Regarde alors avec quelle rapidité l'oubli enveloppe toutes choses, quel abîme infini de durée tu as devant toi comme derrière toi, la vanité des paroles retentissantes, l'humeur changeante et indécise de ceux qui semblent te louer, enfin la petitesse du cercle qui circonscrit ta renommée. Car la terre tout entière n'est qu'un point ; et ce que nous en habitons, quelle étroite partie n'en est-ce pas encore ? […] Il reste donc que tu te souviennes de te retirer dans ce petit domaine qui est toi-même.[…]
Puis, entre les vérités les plus courantes, objets de ton attention, place les deux qui suivent : l'une, que les choses extérieures ne sont point en contact avec notre âme, mais immobiles en dehors d'elle, et que le trouble naît en nous de la seule opinion que nous nous en sommes formés intérieurement ; l'autre, que tout ce que tu vois va changer dans un moment et ne sera plus. Marc Aurèle Remarque générale.
Texte sans difficulté majeure. Sa simplicité apparente peut néanmoins tromper au sens où l’on risque de se concentrer uniquement sur la dénonciation de la gloire sans voir qu’à travers ce cas, une morale en vue du bonheur se dessine. Ceci explique que la fin du texte ait été souvent négligée.
Introduction
Dans cet extrait des Pensées pour moi-même, Marc Aurèle, l’empereur romain philosophe, continuateur de la tradition stoïcienne, prend le cas de la recherche de la gloire comme motif pour expliquer ce qu’il faut éviter si on ne veut pas être malheureux. Parallèlement, il livre des conseils pour mettre le lecteur sur la voie du bonheur. On doit éviter les biens apparents dont l’existence ne dépend pas de nous et sur laquelle nous n’avons aucune maîtrise, pour nous tourner vers le seul domaine qui nous appartiendra toujours : nous-mêmes. Telle est, en résumé, la thèse de ce texte. Il se divise en deux parties. De la