Manon lescaut
C'est le troisième épisode du récit : après la première rencontre de Manon et sa première trahison, Des Grieux, enlevé par son père, retrouve la voie de la raison et décide de renoncer au monde : il entre avec Tiberge au séminaire de Saint-Sulpice. Mais, lors d'un exercice public, il est reconnu de Manon qui vient lui rendre visite. Plan
Trois mouvements, dans le passage, qui correspondent aux attitudes des personnages :
1. "je demeurai assis..."
2. "elle s'assit..."
3. "nous nous assîmes..." 1. Premier mouvement Stupeur du chevalier qui s'explique par le temps écoulé depuis leur rupture (deux ans), par le rôle qu'a décidé de jouer Manon (yeux baissés, n'osant le regarder) et par son propre rôle d'ecclésiastique, qui renforce sa pudeur naturelle.
C'est à Manon de parler ("j'attendais qu'elle s'expliquât"), mais l'attitude de la jeune femme est ambivalente : elle se montre embarrassée et pleure : une attitude assez théâtrale dont ni le chevalier ni le lecteur ne peuvent être assuré qu'elle soit sincère ou calculée (pour apitoyer son interlocuteur).
Le souvenir de cette scène est assez difficile, à la fois en raison de l'éloignement temporel et de la vague d'émotion qu'il suscite encore dans le coeur du narrateur. D'où des paroles relatées au style indirect, qui confèrent de plus à la scène une certaine douceur générale.
Auto-accusation de Manon ("confessait", "infidélité", "haine"), qui, du coup, peut accuser le chevalier sur d'autres points : "dureté" "m'informer de son sort". Elle accuse ainsi davantage Des Grieux qu'elle-même, ne justifiant en rien sa propre attitude. Sa grande habileté, comme dès la première rencontre, entraîne un résultat identique : "Le désordre de mon âme... ne saurait être exprimé."
Ainsi, la victime initiale devient le coupable : Manon sait jouer de la sensibilité de son amant et de ce qu'elle montre de la sienne ("l'état où elle était", c'est-à-dire ses larmes).
Deuxième mouvement En