Malebranche
Expliquer le texte suivant :
Il est assez difficile de comprendre, comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus d'honneur à se conduire par ses propres yeux, que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espérance d'avoir un conducteur. Sapientis oculi in capite ejus, stultus in tenebris ambula(1). Pourquoi le fou marche-t-il dans les ténèbres ? C'est qu'il ne voit que par les yeux d'autrui, et que ne voir que de cette manière, à proprement parler, c'est ne rien voir. L'usage de l'esprit est à l'usage des yeux, ce que l'esprit est aux yeux ; et de même que l'esprit est infiniment au-dessus des yeux, l'usage de l'esprit est accompagné de satisfactions bien plus solides, et qui le contentent bien autrement que la lumière et les couleurs ne contentent la vue. Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent presque jamais de leur esprit pour découvrir la vérité.
Malebranche, De la Recherche de la Vérité
(1) "Les yeux du sage sont dans sa tête ; l'insensé marche dans les ténèbres."
La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Pourquoi l’homme veut-il voir de ses « propres yeux » pour croire à l’existence d’une réalité sensible alors qu’il se contente le plus souvent de suivre l’opinion d’autres hommes concernant la recherche de la vérité ? Et pourtant, de la même façon qu’il possède des yeux qui lui permettent de voir, il possède également un esprit qui lui permet de penser par lui-même. Malebranche s’étonne ainsi de cette attitude : les hommes ont la faculté de