Magritte
La Trahison des images (1) (1929, huile sur toile, 59 x 65 cm, Art Institute of Chicago) est un des tableaux les plus célèbres de René Magritte. Il représente une pipe, accompagnée de la légende suivante : « Ceci n’est pas une pipe ». L'intention la plus évidente de Magritte est de montrer que, même peinte de la manière la plus réaliste qui soit, un tableau qui représente une pipe n’est pas une pipe. Elle ne reste qu’une image de pipe qu'on ne peut ni bourrer, ni fumer, comme on le ferait avec une vraie pipe, de la même façon que « le mot ‹ chien › ne mord pas », comme le disait le sémiologue américain William James.
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Magritte a d’ailleurs développé ce discours du rapport entre l’objet, son identification et sa représentation dans plusieurs tableaux de 1928 à 1966, la série commençant avec La Clef des songes et s'achevant sur une mise en abyme de La Trahison des images : Les Deux mystères.
En 1926, René Magritte avait esquissé une réflexion sur les rapports entre mot et représentation, déjà à partir d'une pipe, avec un dessin représentant trois formes : une forme abstraite, une représentation de pipe et le mot pipe.
En 1927, La Clé des songes (2) représente quatre cases, avec dans chaque case une représentation et un mot. Pour trois des quatre objets, il n'y a pas de lien entre l'objet et le mot (une mallette est identifiée comme le ciel). Seul le quatrième objet (une éponge) est identifié « correctement ».
En 1928, Magritte poursuit cette recherche avec Le Miroir vivant (3) : des formes indéfinies sur fond noir, identifiées uniquement par des mots (personnage éclatant de rire - horizon - armoire - cris d'oiseaux) : la représentation n'existe plus, seuls les mots sont là pour rendre compte de la réalité.
En 1929, Magritte parachève la démonstration avec La Trahison des images, tableau emblématique de cette série dont il produira plusieurs versions.
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En 1930, Magritte reprend aussi le thème de La Clé des songes (4) : la toile