Madame rosa
Dhia Gritli s’attache à étudier comment, en particulier dans La Vie devant soi, la
Seconde Guerre mondiale occupe encore la scène du roman et la scène de la vie psychique du personnage de Madame Rosa :
La Seconde Guerre mondiale envahit le texte, d’une part parce qu’elle est la clé indispensable pour comprendre la psychologie des personnages principaux, et d’autre part parce qu’elle y est utilisée comme repère chronologique de référence. Tout événement, même le plus anodin, est situé par rapport à elle 293.
La Vie devant soi car l’analyse progresse dès lors que l’on observe comment l’oeuvre installe le fonctionnement de la persécution de Madame Rosa, et l’expérience de la cave, comme réponse individuelle et romanesque à l’angoisse. Le personnage de Madame Rosa est celui qui fait l’expérience de limites dépassées ; Dhia Gritli montre comment la rescapée du génocide reste captive du passé, tombée dans « le cercle vicieux d’une déportation perpétuellement revécue » 294 ; le personnage de l’apprenti glisse dans celui, pour reprendre le mot de Dhia Gritli, du « sauveur » qui, « […] en l’aidant à se cacher – ultime acte d’insoumission, de résistance à l’ordre établi et à la volonté des adultes –, agit comme il aurait pu le faire pendant la guerre » 295. On en vient alors au personnage habité 296 par ce qu’il soupçonne dans toute « manifestation du monde extérieur » 297.