Ma disserte
La courbe de la spéculation se détache d'une manière encore plus notoire et plus audacieuse. On dirait que les comportements humains se sont divisés en deux parts : ceux qui correspondent au découragement des demandes actuelles et qui se marquent par la baisse des prix; ceux qui expriment le vouloir de progression continuée et se traduisent par la hausse des valeurs en Bourse. (...) L'anticipation boursière ne veut pas consentir la baisse que les réalités (...) semblaient conseiller. (...)
Intervenait aussi (...) l'influence retardée des séquelles de la Première Guerre mondiale : une guerre universelle porte en elle les germes d'une surproduction future. Le cloisonnement du monde, auquel conduisent les hostilités, pousse les pays industriels à développer leur production agricole, c'est-à-dire à faire produire à leur sol ce qu'ils commandaient avant guerre à l'étranger, et il incite aussi corrélativement les pays agricoles à se donner les produits industriels que leur procurait normalement l'économie internationale. Le retour de la paix ne supprime pas ces productions de guerre.
Joignons à cela que les progrès techniques provoqués par la guerre se transmettent à l'économie de paix. Le potentiel accru de production se conserve et se développe. (...) Dans la sphère industrielle, les progrès de la technique et de l'organisation (rationalisation) ont joué un rôle analogue. Le chômage technologique était lui aussi en puissance, prêt à apparaître à la moindre chiquenaude."
M. Guitton, Les fluctuations économiques ,