Lula
Les paris diplomatiques de Lula
Lula a voulu faire de l'Amérique du Sud un pôle de pouvoir capable de tenir tête à d'autres puissances.
Dimanche soir, les Brésiliens ne seront pas les seuls à allumer leur poste de télévision pour connaître le résultat de la présidentielle. Buenos Aires, Caracas, La Paz et Quito suivront avec anxiété le dépouillement. «Pour nos voisins latino-américains, il est capital que Dilma Rousseff l'emporte», déclare le sociologue Emir Sader, qui sillonne régulièrement la région. Il se réfère au basculement à gauche de la majorité des pays d'Amérique du Sud au cours de la dernière décennie, mais surtout à la priorité donnée, par le président Luiz Inacio Lula da Silva, à la région: «Dès le début, le gouvernement a voulu accroître l'unité économique, politique et de sécurité de l'Amérique du Sud, pour en faire un pôle de pouvoir capable de tenir tête à d'autres puissances.»
C'est dans ce but que Lula a sabordé en 2005 le projet de George Bush d'une zone de libre-échange allant de l'Alaska à la Patagonie, à l'exclusion de Cuba. Dans la foulée, il a célébré, en 2008, la création de l'Unasur, la communauté des pays d'Amérique du Sud. Dotée d'un conseil de défense, l'institution se veut un contrepoids à l'Organisation des États américains (OEA), dont le siège est à Washington. Pour Lula, les conflits doivent être réglés dans la région sans ingérence américaine. C'est à ce titre qu'il proteste contre l'installation, par les États-Unis, de bases militaires en Colombie. Le pari latino-américain n'a fonctionné qu'à moitié.
La fragilité des institutions régionales et la défiance à l'égard d'un Brésil perçu comme impérialiste, parfois à raison, n'ont pas permis au gouvernement de se reposer sur ce bloc dont il rêvait pour défendre son idéal d'un monde multipolaire. Lula a donc élargi sa stratégie aux pays du Sud. Durant ses huit ans au pouvoir, il a passé plus d'un an et demi à l'étranger, avec une préférence pour l'Amérique