Los desaparecidos, disparus
Madrid , 23 décembre 2010
Tandis que la lumière extérieure irradiait dans la cuisine, une multitude de particules de poussière scintillante dansaient dans son faisceau. Durant un bref instant, son halo lumineux eut un effet soporifique sur Mariá qui déposa le journal sur la table. Tandis que les battements de son cœur s’accéléraient, leur martèlement régulier scandant outrageusement leur rythme devinrent presque sonores et douloureux. Avant de lire l’article, elle se servit du café brûlant puis s’assit. Elle inspira fortement afin de se donner du courage tandis que sa main s’était instinctivement portée sur son cœur. Une pointe acérée lui décocha une flèche qui la transperça. Exsangue, sa main libre et tremblante étendit lentement la première page qui ondula dans un froissement à peine perceptible :
L’ancien dictateur Jorge Videla, condamné à la prison à vie
Précédemment condamné en 1985 lors du procès de la junte militaire, suite à la disparition de 30 000 personnes -Los desaparecidos- l’ancien général avait par la suite été gracié. Jugées anticonstitutionnelles, les lois contre l’amnistie des crimes de la dictature avaient été abrogées par la cour suprême.
Jorge Videla, fervent catholique, faisait figure de modéré avant de se placer à la tête du putsch du 24 mars 1976 contre le gouvernement d’Isabel Perón.
Après avoir revendiqué « l’honneur de la gloire dans la guerre contre la subversion marxiste », pour reprendre ses propres termes, il endossait l’entière responsabilité de ses actes.
1976 à 1981 fut la période la plus difficile du régime de la dictature, la violation des droits de l’homme avait toujours été niée par l’ancien général (tortures, vols de la mort…) il fut poursuivi pour le vol de bébés des opposants…
Submergée par un flot d’émotions que les années n’étaient parvenues à dissiper, Mariá dut interrompre sa lecture, laquelle