Lorenzaccio femme
Mais en créant le rôle au féminin, elle lance une mode qui durera pendant cinquante ans.
En 1918, c’est Marie-Thérèse Piérat qui joue le rôle à la Comédie-Fran- çaise (quelques scènes sont jouées seulement, au profit des réfugiés de la Somme), elle le reprendra en 1927 dans une mise en scène d’Emile
Fabre. Falconetti (la Jeanne d’Arc de Dreyer) joue le rôle en 1926 puis en 1927 au théâtre de la Madeleine et encore en 1932 au Théâtre de l’Odéon. En 1945, dans la mise en scène de Gaston Baty, Marguerite
Jamois tient le rôle-titre. Ce choix change profondément le personnage, comme le dit un critique en 1927 : « Seul un homme peut sembler effé- miné; une femme n’est que féminine ». Outre la mode lancée par Sarah
Bernhardt, la raison d’une telle distribution est peut-être aussi morale.
Frédérique Plain cite aussi dans son article un metteur en scène, Emile
Fabre : «Sans doute un homme serait mieux… mais avec un homme, tout le côté é
Aucun homme ne voulait jouer ce rôle. Lorenzo dit par rapport à sa relation avec le duc : « pour devenir son ami, et acquérie sa confiance, il fallait baiser sur ses lèvres épaisses tos les restes de ses orgies » il est donc homosexuel, et à cette époque aucun acteur ne pouvait assumer un tel rôle. C'était un sujet encore plus tabou que de nos