Lois des rendements
Le poilu pouvait-il tout écrire sur son carnet ? Il était évidemment obligé de réduire le vécu d’une journée à quelques lignes, donc de résumer et de sélectionner. (…) La peur est toutefois bien présente et beaucoup savent évoquer, à côté des souffrances physiques, l’angoisse, la détresse morale qui leur fait parfois souhaiter la mort et songer au suicide. D’un autre côté, certains ont su noter la grande importance des petites joies du poilu. (…)
Et les sentiments de révolte ? Capacités d’adaptation et culture profonde de l’obéissance en ont limité les manifestations extérieures et peut-être même les mentions sur les carnets. L’historien américain Léonard V Smith a cependant montré comme un « discours caché » de contestation arrivé au grand jour avec les mutineries de 1917, existait bien avant parmi les soldats. On en trouvera l’expression plus dans les carnets que dans les correspondances –qui pouvaient être contrôlées- ou dans les journaux de tranchées.