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La section « Tableaux parisiens » des Fleurs du Mal regroupe dix-huit « tableaux » liés comme le souligne Ross Chambers, à uncontexte qui est la ville de Paris, la « parisianité » de ces tableaux étant donnée ainsi comme la source de leur signification. Mais « la notion de Paris qui est pertinente n’est pas une idée spatiale,mais un concept discursif. Paris n’est pas un lieu, par exemple la capitale de la France sous le Second Empire, mais le moyen de désigner un code de lecture, signalant la présence contextuelle d’ungroupe de propositions implicites que l’on peut regrouper sous le nom de « modernité ». »[1]
Pour comprendre d’où est partie cette notion, il faut remonter en 1846 lorsque Baudelaire écrivaitdans les Salons : « Toutes les beautés contiennent, comme tous les phénomènes possibles, quelque chose d’éternel et quelque chose de transitoire, d’absolu et de particulier ».
Cette définition vaannoncer : « les directions diverses que prend le regard jeté par le poète sur la grande ville ».[2] Elle inspire à Baudelaire deux sentiments fortement contrastés : le solennel et le fourmillant.Ainsi, le poète qui a établi domicile au même niveau que les clochers veut pouvoir écouter :
Leurs hymnes solennels emportés par le vent (v.4)[3]
Quant au fourmillement, il provoquechez Baudelaire deux réactions parfaitement opposées. Il est d’abord exaspéré par le bruit ambiant que cause la circulation intense des voitures ; la cité « chante rien et beugle » (v.11, p.136) dansLes aveugles, la rue dans A une passante « hurle » (v.1, p.137), dans Le crépuscule du soir (p. 138) c’est un rugissement général, fait de cuisines qui sifflent, de théâtres qui glapissent, d’orchestresqui ronflent, de volets cognés par les démons.
Ce fourmillement trouve aussi grâce à ses yeux et cela transparaît dans de nombreux textes comme Les Sept Vieillards (p.132) et son apostrophe... [à continuer]