Lettre du maréchal mon luc a don fils
90 156 Saint-Denis
Jacques de Monluc Camp militaire de Paris
Paris, le 24 Décembre 1596,
Mon Fils,
Aujourd’hui, je t'adresse mon premier courrier depuis que tu as suivi mes traces en partant à la guerre. Ton absence m’a permis de méditer sur ma vie, notamment sur mon comportement vis à vis de toi. Je vois alors en cette lettre l’occasion de t’écrire ce que je n’ai jamais su te dire.
Durant toutes ces années et depuis la naissance de mon premier enfant, mon cœur a été submergé de mépris, de haine, de hargne et de colère. Je ne sais guère pourquoi, mais voilà les sentiments qui traversaient mon esprit chaque jour.
Aujourd’hui je me rends compte que je n’ai été qu’un vulgaire homme et un très mauvais père. Dans ma famille je n’ai pas été l’homme que je devais être, considérant plus mes soldats que mes enfants. Je ne mérite point ton respect, ta gratitude et encore moins ta pitié. J’ai sombré dans l’alcool et je ne puis m’en sortir mais l’heure est venue de me repentir et de demander pardon.
J’ai semé autour de moi la terreur, le chaos et le désespoir. Je vous ai privé de nombreux bienfaits de la vie et de mes bons sentiments que je cachais derrière ce masque de terreur.
J’ai fait l’erreur de perdre ton frère sans lui avoir dit ces quelques mots et je ne recommencerai point.
Dans ma paternité j’ai fait quelques grosses erreurs, notamment lorsque je vous assaillais de coups par la colère. Mais aujourd’hui c’est grâce à elle que tu es devenu l’homme que tu es.
Mon âme est mauvaise et à quelques heures de mon dernier soupir, il me tient à cœur de me comporter pour une fois dans ma vie comme un vrai père.
Cette