Les pensées de pascal, "amas confus" ?
Lorsque Pascal meurt en 1662, il laisse inachevée sa grande Apologie de la religion chrétienne, commencée en 1656. L’œuvre se présente sous la forme de fragments éclatés, dont l’édition de Port-Royal, en 1670, sous le titre de Pensées, remanie largement l’organisation. Étienne Périer, le neveu de Pascal, justifie ce remaniement en présentant le manuscrit original comme « un amas confus, sans ordre, sans suite, et qui ne pouvait servir à rien ». Alors que les éditions modernes tendent à reprendre la présentation initale de l’œuvre, un tel jugement paraît excessif : certes, Les Pensées apparaissent comme une œuvre inachevée, sans logique interne évidente, et à l’écriture éclatée, mais Pascal en a choisi lui-même le plan, la diversité des formes argumentatives y est volontaire et l’éclatement de l’écriture y traduit bien l’éclatement de l’Homme et de sa pensée.
Tout d’abord, si Étienne Périer considérait l’œuvre de son oncle comme une œuvre « imparfaite », c’est que Pascal ne l’a pas achevée. En effet, à sa mort en 1662, Pascal laisse derrière lui ses Pensées à l’état de brouillon manuscrit, ce qui les rend parfois difficiles à lire. Cette confusion pouvait sans aucun doute altérer la compréhension du lecteur. De plus, il reste de nombreux fragments inachevés, seulement à l’état d’ébauches. Les éditeurs de Port-Royal se retrouvent alors dans la nécessité de procéder à des remaniements afin de rendre accessible l’argumentation de Pascal. On peut d’ailleurs supposer que l’écrivain lui-même aurait continué à faire évoluer son œuvre en la développant et en la réorganisant. L’inachèvement des Pensées en rend donc la lecture difficile sous leur forme initiale et semble justifier les remaniements de l’édition de Port-Royal. Par ailleurs, fragments et liasses paraissent se suivre sans logique apparente. C’est ainsi que l’on pourrait s’attendre à voir la liasse