Les faux indignés
[pic]
Et voilà, nous y sommes. Le 2 juin, le gouvernement décidait enfin, après bien des hésitations, à augmenter le prix du carburant. Trop, trop peu ? Les deux à la fois, en fait, car depuis le mois de mars, la réflexion sur l’ampleur de l’inévitable hausse était en cours, sans aboutir à un compromis. Fallait-il augmenter un peu en plusieurs fois ou une bonne dose d’un seul coup ? Contrairement à ce que l’on pense, c’est la conjoncture qui a hâté la décision. Les finances publiques se dégradent rapidement, l’année est déjà à son 6e mois et il fallait agir.
Agir, c’est là où le gouvernement a pris trop de temps. En janvier 2011, à la veille du printemps arabe, La Vie éco avait appelé à la nécessité d’augmenter le cours des hydrocarbures sous peine de se trouver dans la situation intenable que le Maroc vit aujourd’hui. Beaucoup, même parmi les citoyens qui ont les moyens, sont indignés de voir le diesel prendre d’un coup 13,9% de hausse. Ce sont ceux-là mêmes qui s’indignaient il y a peu de voir que la Compensation profite aux riches et à l’industrie comme aux pauvres et qui se déclaraient prêts à payer leur baguette de pain à 1,50 DH, leur bonbonne de gaz à 70 DH et leur kilo de sucre à 8 DH.
Ce sont aussi ceux-là mêmes qui, avant la baisse intervenue en février 2009, payaient leur gasoil à 8,70 DH le litre, sans que personne ne trouve à redire, ce sont ceux-là mêmes aussi qui, en 2006 déjà, trouvaient normal de payer ce gasoil fortement souffre à 7,98 DH alors qu’aujourd’hui il coûte à peine 20 centimes de plus.
C’est en tenant compte de tout cela que cette surchauffe provoquée par les syndicats, les partis de l’opposition qui hier étaient au gouvernement et qui ont eux-mêmes appliqué une hausse, et même les partis de la majorité, paraît quelque peu opportuniste. Le pouvoir d’achat du citoyen se dégrade, affirme-t-on. Oui, mais l’état des finances publiques également et de manière très inquiétante.
A ceux qui protestent aujourd’hui, il