Les consequences de la cloture sur l’etre humain dans « la religieuse » de diderot
HUMAIN DANS « LA RELIGIEUSE » DE DIDEROT
Le roman de La Religieuse se donne avant tout comme une étude de la psychologie des milieux fermés. Ces excès naissent pour ainsi dire spontanément de la réunion de toutes ces femmes inoccupées. La clairvoyante Mme de Moni a bien observé ce mécanisme : « Entre toutes ces créatures que vous voyez autour de moi si dociles, si innocentes, eh bien, mon enfant, il n’y en a presque pas une, non, presque pas une, dont je ne puisse faire une bête féroce ». [1] Le roman de La Religieuse peut être considéré comme un roman de l’aliénation physique. Tous les désordres qui y sont représentés, même les écarts d’ordre moral, apparaissent comme liées à l’enferment.
L’univers monastique est peuplé d’êtres qui transforment cet espace clos en prison. Mais, tout comme les personnages qui dénotent l’emprisonnement et la rupture avec le monde il y a aussi beaucoup d’objets qui font partie de cet univers. La grille, les barreaux, le portail, la clé, les clôtures, sont liés aux contacts, initiaux de la future religieuse avec le monde claustral. Le couvent y est vu comme une machine immense qui assimile rapidement l’être qui y pénètre et étouffe ses résistances. La prise du voile est la cérémonie qui consacre la disparition de Suzanne comme femme et sa naissance comme religieuse. La coupure de la chevelure dénote la même chose : « … on me déshabilla jusqu’à la ceinture, on me prit mes
58
cheveux qui étaient épars sur mes épaules, on les rejeta sur un des côtés de mon cou, on me mit dans la main droite la discipline que je portais de la main gauche et l’on commença La Miserere. Je compris ce que l’on attendait de moi, et je l’exécutait ». [2]
La muraille qui s’élevait entre Suzanne et le monde continuera d’exister dans son âme même après qu’elle aura quitté corporellement le couvent. Suzanne ne s’en libérera jamais. Marquait par la vie conventuelle jusque dans ses habitudes,