«Le compte n’y est pas pour les salariés», avait déclaré le Président le 5 janvier. Comme d’habitude, il a pris tout le monde par surprise en mettant sur la table la question du partage des bénéfices. Encore plus imprudent, Sarkozy a même proposé sa règle des trois tiers : un tiers des profits pour les actionnaires, un autre pour les investissements et le troisième pour les salariés (lire page 13). Or si cette répartition devait s’appliquer en France, ce serait une vraie révolution salariale. Car les situations sont très contrastées. Si Auchan, champion de l’intéressement, a bien versé, en 2007, 41 % de ses bénéfices à ses salariés, très rares sont les entreprises du CAC 40 à redistribuer plus de 10 % de leurs bénéfices à leurs collaborateurs. Même chose pour les entreprises publiques. Si la Poste prévoit, selon un accord de 2007, de redistribuer un dividende de 25 % des bénéfices, France Télécom a dégagé 360 millions d’euros au titre de l’intéressement, soit 5 % de ses profits. Les syndicats de nombreuses entreprises publiques ne s’y sont pas trompés en exigeant de leur direction de se mettre en conformité avec la règle présidentielle.
. En 2006, les salariés n'ont reçu que 6 % du gâteau, et les actionnaires 38 %, le reste étant dévolu à l'autofinancement et à la trésorerie.
La modification de cette répartition a tout d'une gageure. "C'est difficile de ponctionner les investissements sans nuire à l'avenir de l'entreprise", affirment les statisticiens.
Quant aux actionnaires, peuvent-ils faire un effort en mettant les dividendes entre parenthèses ? "Peu probable, analyse Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. La mondialisation a conduit à une uniformisation des rendements exigés par les actionnaires, autour de 10 %. Réduire ce taux, que ce soit par la loi ou le contrat, inciterait aux délocalisations, y compris chez nos voisins européens". D'après un calcul effectué par la lettre Vernimmen.net, la progression