Les abeilles
Il s’approche de ce spectacle qui était nouveau pour lui ; il vit avec étonnement, l’ordre, le soin et le travail de cette petite république.
Les cellules commençaient à se former et à prendre une figure régulière.
Une partie des Abeilles les remplissaient de leur doux nectar ; les autres apportaient des fleurs qu’elles avaient choisies, entre toutes les richesses du printemps.
L’oisiveté et la paresse étaient bannies de ce petit État : tout y était en mouvement, mais sans confusion et sans trouble.
Les plus considérables d’entre les Abeilles conduisaient les autres, qui obéissaient sans murmure et sans jalousie, contre celles qui étaient au-dessus d’elles.
Pendant que le jeune prince admirait cet objet qu’il ne connaissait pas encore, une Abeille, que toutes les autres reconnaissaient pour leur reine, s’approcha de lui et lui dit : « La vue de nos ouvrages et de notre conduite vous réjouit ; mais, elle doit encore plus vous instruire. Nous ne souffrons point, chez nous, le désordre ni la licence ; on n’est considérable parmi nous, que par son travail et par les talents qui peuvent être utiles à notre république. Le mérite est la seule voie qui élève aux premières places. Nous ne nous occupons, nuit et jour, qu’à des choses dont les hommes retirent toute l’utilité. Puissiez-vous, être un, jour comme nous et mettre dans le genre humain, l’ordre que vous admirez chez nous ! Vous travaillerez, par là, à son bonheur et au vôtre ; vous remplirez la tâche que le destin vous a imposé : car, vous ne serez au-dessus des autres, que pour les protéger, que pour écarter les maux qui les menacent, que pour leur procurer tous les biens qu’ils ont droit d’attendre d’un gouvernement vigilant et paternel.