Lecture analytique eia pour le kailecrat royal
Projet de lecture : comment la révolte contre le pays natal est transformée en une solidarité retouvée ?
I. La célébration du pays natal
L’extrait prend des allures de chant : la ponctuation est affective : nombreuses exclamations l.1, l. 13, l. 15, l. 19-20, l. 26. Le poète semble exalté par ses retrouvailles avec son pays. Il le célèbre avec des mots créoles : EÏa : anaphore l. 1 et 2 qui signifient « courage ». Le poème devient exhoratation, prière adressée au pays natal : il faut relever l’accumulation des complts de destination : pour le kaîlcédrat royal, pour ceux qui n’ont jamais rien inventé, pour ceux qui n’ont jamais rien exploré, pour ceux qui n’ont jamais rien dompté. La reprise de la préposition « pour » crée un effet de martélement, le poéte est tourné vers son pays et veut chanter pour lui= nouveau mouvement d’extériorité. De plus l’image qu’il nous offre de son pays est une image d’abord valorisante : il associe son peuple au Kaîlcédrat royal : l’arbre de la savane africaine vient représenter de manière métonymique le continent africain et avec lui le peuple noir. Celui-ci est ainsi associé à la nature. Il est connoté positivement puisqu’il est qualifié de « royal ». Or cette suprématie n’est pas liée à la culture.
A l’inverse, Césaire opère un renversement avec la conj « mais » et dresse alors un tableau positif du peuple noir : sa passivité est marquée dans le texte par l’utilisation des p. passé : « saisis à l’essence de tout chose/ saisis par le mouvement de toute chose » : le pluriel généralisant désigne l’ensemble du peuple. Celui-ci ne montre aucune volonté de domination : « ils s’abandonnent »/ « insoucieux de dompter ». Au contraire le peuple noir semble soumis. Or cette soumission qui révoltait tant Césaire dans les premières pages du cahier semble ici prendre une certaine grandeur : le peuple noir n’est pas soumis à d’autres peuples, il est soumis à l’ordre du monde et de la