Le travail n'est il que servitude
Dans « Une Journée d’Ivan Denissovitch », Alexandre Soljenitsyne rapporte les conditions de travail des hommes : par –25°C, le ventre vide etc. Cependant, il rapporte de son héros que tout en construisant ce mur, il y trouvait une joie. Bien plus, pour l’amour du travail bien fait, cet homme a couru le risque de se retrouver au cachot. Cet épisode met en évidence trois possibilités : le travail vécu comme contrainte ; le travail vécu comme libération individuelle au sens où le sujet s’accomplit dans son travail ; le travail comme réalisation sociale et libération collective.
Un acte libre est un acte dans lequel le sujet peut se reconnaître. Il y a par conséquence servitude quand le principe de mon action se trouve hors de moi (ex : l’esclavage). Or, le travail passe nécessairement par une soumission à des conditions que je n’ai pas voulues, que je n’ai pas espérées, qui ne relèvent pas de mon propre pouvoir. Tout travail est dépendant du temps (le travail demande du temps).Le temps n’est que le signe de l’affrontement à la matière (vaincre la matière ne peut se faire que dans le temps). Dans le travail, le travailleur n’est que l’intermédiaire entre un état de la matière et un autre. Ce n’est pas lui qui définit les conditions de réussite, les conditions de l’élaboration du produit de son travail.
Non seulement le travail est soumission à la matière mais il suppose également une collectivité : on ne travaille pas seul. Le travailleur est un rouage de la société. L’autarcie absolue n’existe pas et tout travail rentre dans un processus d’échange (le travail se distingue ainsi du bricolage et dans une moindre mesure de l’art). Ce n’est que dans la mesure où quelqu’un réalise quelque chose exclusivement pour soi qu’il sort du principe de servitude. Tout travail répond à des conditions qui dépendent de l’acheteur.
Le travail est perte de soi car il ne permet pas de se reconnaître vraiment. Il y a aliénation non