Le silence
"Notre silence intérieur a un pouvoir. Si, au lieu de répondre à la vibration qui nous vient, nous restons dans une immobilité intérieure absolue, nous verrons que cette immobilité dissout la vibration; c'est comme un champ de neige autour de soi, où tous les heurts sont saisis, annulés. Nous pouvons prendre l'exemple simple de la colère; au lieu de nous mettre à vibrer intérieurement à l'unisson de celui qui parle, si nous savons rester immobile au–dedans, nous verrons la colère de l'autre se dissoudre peu à peu, comme une fumée…Seulement, il ne s'agit pas d'avoir un masque impassible et de bouillonner en dedans; on ne triche pas avec les vibrations (la bête le sait bien); il ne s'agit pas de la soi–disant "maîtrise de soi", qui n'est qu'une maîtrise des apparences, mais de la vraie maîtrise, intérieure. Et ce silence peut annuler n'importe quelle vibration pour la simple raison que toutes les vibrations, de quelque ordre qu'elles soient, sont contagieuses, les vibrations les plus hautes comme les plus basses, notons–le; c'est ainsi que le Maître peut transmettre des expériences spirituelles ou un pouvoir à un disciple et il dépend de nous d'accepter la contagion ou non; si nous avons peur, c'est que déjà nous avons accepté la contagion, et donc accepté le coup de l'homme en colère.
Mais ce pouvoir de silence ou d'immobilité intérieure a des applications beaucoup plus importantes; nous voulons parler de notre propre vie psychologique. Ce vital, nous le savons, est le lieu de bien des misères et des perturbations, mais aussi la source d'une grande force; il s'agit donc – un peu comme dans la légende indienne du cygne qui séparait l'eau du lait - d'extraire la force de vie sans ses complications et sans s'extraire soi–même de la vie.
Faut–il dire que les vraies complications ne sont pas dans la vie mais en nous–même, et que toutes les circonstances extérieures sont à l'exacte image de ce que nous sommes. Or, la grosse difficulté du