Le silence du Walhalla
Un célèbre compositeur. Un secret de famille. Les artistes du Collectif nous plongent dans une fulgurante tragédie musicale
C’est le grand soir. Famille, amis, journalistes, tous s’apprêtent à célébrer le compositeur Élias Zorn, véritable légende de la musique. Mais qui est véritablement l’homme sous le personnage public ? Les mystères s’accumulent et lézardent la belle unité de façade. Comment la mère de famille, chanteuse lyrique célèbre, est-elle morte trente ans auparavant ? Suite à quel traumatisme le dernier fils est-il devenu aphasique ? Cette tragédie musicale ne montre pas le paradis d’un guerrier, le Walhalla, mais le crépuscule d’un dieu, d’un compositeur adulé qui s’avance inexorablement vers la fin. Elle révèle aussi les blessures cachées et les conflits enfouis qui peinent à sortir du silence.
Olivier Balazuc construit cette enquête en contrepoint comme une partition musicale, donnant à chaque personnage sa ligne mélodique, qu’il fait résonner alternativement en majeur et en mineur. Le cadre de la cérémonie restitue les trois unités tragiques (temps, lieu, action), mais le principe des « variations » donne à voir ce que chacun ressent, rêve ou fantasme. La vérité, un moment entrevue, échappe toujours. La mémoire existe-telle indépendamment des subjectivités qui s’expriment ici avec humour, rage ou désespoir ? Ce qu’on appelle vivre, est-ce autre chose qu’une manière de survivre ? Pour incarner ces personnages révoltés, le Collectif de la Comédie se mobilise. Sur scène, Norah Krief, Éric Massé, Angélique Clairand et Olivier Balazuc diront tour à tour leur vérité sur ce père oppresseur, devenu soudain si fragile. Richard Brunel les dirigera. Catherine Ailloud-Nicolas sera dramaturge. Une famille de théâtre en somme, réunie ici pour représenter un théâtre de la famille, parfois drôle et toujours bouleversant.
Texte Olivier Balazuc / Mise en scène