Le sentier des astres T1 Manesh de Stefan Platteau
Il existe des chroniques de roman plus difficile à faire que d’autres et celle-ci fait partie des très difficiles. Un petit historique s’impose. Un journaliste de mes amis au goût suffisamment sûr, entre dans la boutique en me tendant un ouvrage, genre couverture blanche, lettrage en noir. Une épreuve donc. « C’est incroyable. Lis ça c’est de la fantasy celte ». Dire que cela commençait mal est une sorte de doux euphémisme puisque une lassitude pernicieuse m’envahit aujourd’hui - à ma grande honte – à l’énoncé du genre et que la terminologie « mythologie celte » provoque chez moi une crise d’urticaire instantanée depuis une overdose de « Légendes celtiques » le jeu de rôle… Un œil distrait sur le quatrième de couverture et je constate que deux de « mes » étoiles en expansion - que sont Justine Niogret et Jean-Philippe Jaworski - ne tarissent pas d’éloge pour l’ouvrage. Du coup plutôt que rendre au journaliste haletant d’appréhension la bête incriminée, je la mettais d’un geste non dépourvu de noblesse dans mon sac. Le soir vint…
C’est un roman fleuve où l’immersion (c’est fait exprès !) est immédiate. Manesh est autant de la fantasy celte qu’Elric une étude sur l’albinisme. Stefan Platteau est un extra-terrestre et Les moutons électriques sont des dingues. Ma dernière expérience d’ « incongruité littéraire » équivalente est le magnifique « Rêve de gloire » de Roland C. Wagner. Vouloir résumer « la chose » est impossible tant la densité de l’ouvrage est d’importance. Nous sommes à l’opposé de ce que peuvent nous asséner les interminables cycles de fantasy moderne délayés à l’extrême, aux rebondissements convenus et aux intrigues emmêlées avec plus ou moins de justesse dans des coups de théâtre révoltants d’opportunisme scénaristique.
Une densité revigorante qui donne le courage de se faire à l’idée de trois volumes (deux à venir) aussi époustouflants.
Le capitaine Rana remonte le fleuve