Le réformisme victorien
Du 6 Février au 5 Juin 2012 étaient célébrées les soixante années de règne de la reine Elisabeth II. Cet événement international est nommé le Jubilé de diamant. Le seul monarque britannique à avoir célébré un jubilé de diamant est la reine Victoria en 1897.
Le règne de Victoria de 1837 à 1901 est une période charnière de l'histoire du Royaume-Uni. Celui-ci est marqué par un esprit de réforme. On parle de réformisme victorien. Derrière le terme « réformisme », deux considérations peuvent être prises en compte. En effet, celui-ci peut renvoyer à une idée de changement, de renouveau au sein d'une société. D'après une approche plus lexicale, le réformisme consiste à introduire des réformes politiques, économiques et sociales en restant dans un cadre institutionnel. Ce mouvement se veut antirévolutionnaire.
Ainsi, pourquoi et comment le réformisme a-t-il permis d'éviter une révolution au sein d'une société britannique en profonde mutation ?
Nous étudierons dans un premier temps le contexte du réformisme avant de nous intéresser aux progrès de la condition ouvrière et aux progrès démocratiques au Royaume-Uni.
I/ Un contexte propice aux troubles (1838-1867)
1) Un Royaume divisé politiquement et marqué par des crises économiques à répétition
Lorsque Victoria monte sur le trône britannique en 1837, la monarchie est discréditée : en effet, elle succède à son oncle Guillaume IV réputé comme étant corrompu et trivial. La dynastie allemande de Hanovre au pouvoir depuis
1714 n'a pas réussi à susciter un quelconque attachement en Angleterre. Le biographe officiel de la reine Victoria, Sir
Henry Frederick Ponsonby, dit même que celle-ci succéda à « un fou, un débauché et un bouffon ». Dans une Europe marquée par un esprit de libération des peuples et par une remise en cause de la légitimité des souverains, cette situation n'est pas des plus confortables pour la jeune monarque. Qui plus est, à partir de 1846 et de l'abolition des Corn Law