« Le récit au théâtre »

606 mots 3 pages
Tout le monde connaît, sinon par sa teneur exacte, du moins par son titre, le fameux « récit de Théramène », présenté dans toutes les anthologies dramatiques comme le modèle de la narration sur la scène classique française. Raconter la mort d'un jeune homme traîné par des chevaux effrayés par un monstre marin s'explique aisément en 1677, d'abord par la difficulté matérielle de la représentation d'une telle scène, ensuite par les exigences de l'unité de lieu.
Mais le récit ne naît pas avec Théramène, et ne meurt pas avec Hippolyte… D'abord, parce que le récit au théâtre n'a pas seulement pour fonction de traduire, pour les besoins d'une vraisemblance stricte, un ailleurs et des événements difficilement représentables sur scène. Ensuite, parce que l'événement narré est l'un des éléments essentiels sur quoi s'appuie l'événement représenté.
Car la narration choisit aussi de relayer un espace et des événements imaginaires, sur le mode de l'hallucination, de la rétrospection, de la vision prophétique, de la reconstitution. « C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit », dit Athalie en 1689, « Voici comme tout s'est passé et jamais je n'invente », dit le mendiant de l'Électre de Giraudoux en1937.

Elément constitutif du langage dramatique, la narration au théâtre, convoquant dans le champ du discursif, l'hétérogénéité du récit, creuse, par le choc de ces deux modes de la mimésis (dramatique versus épique), un trou noir dans la fiction. Car l'espace-temps invisible et convoqué par le récit est, a priori, d'un point de vue théorique, plus crédible que l'espace-temps représenté, qui s'offre à la vue du spectateur dans le criant artifice à la fois des décors et des châssis coulissants, et de la temporalité imaginaire des entractes passés au buffet du théâtre.

L’intérêt de ces deux numéros (12 : « de l’Antiquité à la modernité », 13 : « scènes contemporaines ») est de mettre ce présupposé théorique à l'épreuve des différents genres et des différentes formes de la

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