Le prince de machiavel
Machiavel forge une science historique basée sur " la comparaison des événements anciens et modernes " ( Discorsi, avant-propos, p378 ). La comparaison est rendue possible parce que le cours des choses de la nature et des choses humaines est immuable : " le ciel, le soleil, les éléments et les hommes (ne changent pas) d'ordre, de mouvement et de puissance, et (ne sont pas) différents de ce qu'ils étaient autrefois " ( ibid. ). Et, " quiconque compare le présent et le passé, voit que toutes les cités, tous les peuples ont toujours été et sont encore animés des mêmes désirs, des mêmes passions.( ... ) Et par là on voit revenir en tous temps les mêmes maux et les mêmes révolutions " ( Discorsi, I, chap.39, p467 ).
Le monde ne change pas : c'est ce qu'Althusser appelle la première thèse de Machiavel sur l'histoire universelle. Dans l'avant-propos du livre II des Discorsi, le florentin écrit : " en réfléchissant sur la marche des choses humaines, j'estime que le monde demeure dans le même état où il a été de tout temps ; qu'il y a toujours la même somme de bien, la même somme de mal ; mais que ce mal et ce bien ne font que parcourir les divers lieux, les diverses contrées " ( pp510-511 ).
Le problème, c'est que cette thèse paraît contraire à tout mouvement révolutionnaire ; elle semble prêter le flanc à la critique de Marx dans sa 11° thèse sur Feuerbach. Mais cette première thèse, de par sa généralité abstraite ou vide, est un sol idéal pour établir les comparaisons concrètes de " cas ". C'est le postulat du même qui autorise Machiavel à interpréter le présent par le passé : postulat de la similitude de l'événement ou de la conjoncture à partir duquel on peut dégager des constantes.
Deuxième thèse :
" Mais comme toutes les choses de la terre sont dans un mouvement perpétuel et ne peuvent demeurer fixes, cette instabilité les porte à monter ou à descendre. La nécessité dirige souvent vers un but où la raison était loin de conduire ; vous aviez