Le pouvoir attractif de la fête
Une rupture dans le quotidien sous le signe de l'excès et de la réjouissance: telle est la définition commune que l'on pourrait proposer à la lecture de la documentation. Rompre avec la dureté de l'hiver rend le carnaval indispensable, affirme Janin, ce que confirme Molet, voyant plus généralement dans les fêtes une opportunité offerte au groupe lui permettant de transcender la banalité de la vie. Quant au festin de Gervaise il prend des airs de revanche sur la misère : et si les convives profitent avec autant d'enthousiasme du "gueuleton", c'est parce qu'ils ne sont pas tous les jours, justement, à pareille fête… L'excès est ainsi associé à l'exceptionnel, et c'est ce qui rend ces moments-là si attirants: pour Molet, la joie et l'animation de la fête engendre un certain désordre qui la fait d'autant plus apprécier; Janin retient avant tout l'aspect joyeux du carnaval et c'est le plaisir du ventre qui pousse les invités de Gervaise à des débauches alimentaires à la limite de la décence.
La fête semble exercer une fascination sur le groupe qui y participe, provoquant la libération du corps chez les plus réticents, à des degrés divers: ce mouvement instinctif naît de la simple promiscuité selon Louis Molet, et se manifeste dans des activités