LE PORTRAIT DE CHATEAUBRIAND PAR GIRODET AU SALON DE 1810
Dans une attitude de négligente nonchalance, l'homme médite, debout, la tête de trois quarts tournée vers la gauche, le regard égaré. Il est vêtu d'un ensemble moderne de couleur sombre. Son manteau épais, d'une nuance vert bronze, presque brune, aux parements de velours noir et aux épaules rondes et marquées, paraît un peu trop large pour lui. Il laisse entrevoir une chemise blanche froncée et le haut de col d'un gilet beige sur lequel est porté un second gilet foncé, croisé, négligemment boutonné d'une seule attache. Son cou semble engoncé dans une cravate noire nouée fermement sur le devant, plaquant les revers de la chemise et les laissant échapper sous la mâchoire telle une collerette blanche. La tenue est complétée d'un pantalon de drap gris-vert.
Dans une position stable, le corps est légèrement déhanché, la jambe gauche, dont on ne voit que la cuisse et le genou, est à peine pliée. Le « penseur » est accoudé sur un muret qu'envahit progressivement un feuillage de lierre, le poing gauche fermé, les veines saillantes ; il a glissé les doigts de sa main droite sous son gilet, au niveau du coeur.
Sous une coiffure de boucles souples ébouriffées par le vent, le visage est sombre, tant par le teint que par l'expression : la carnation jaunâtre, brunie par une légère barbe naissante et des cernes aux yeux ; sous des sourcils épais, le regard intense fixe le lointain. Les lèvres minces se serrent.
Derrière l'homme, à distance, on devine les ruines de la Ville éternelle, avec à gauche le Colisée, et, à droite