Le pigeon
Il vit ainsi, à l'abri du monde, dans une petite chambre de bonne, au dernier étage d'une maison bourgeoise. Il aime tellement sa chambrette simple qu'il va bientôt se l'acheter pour que rien ne puisse plus les séparer et qu'il puisse finir sa vie en continuant son petit train-train quotidien. En quelque sorte, comme l'indique le narrateur, sa petite chambre est « sa maîtresse, car elle l'accueill[e] tendrement en elle ».
Or, un matin, quand il sort faire ses besoins dans la petite toilette de l'étage, après avoir écouté soigneusement pour être sûr de ne rencontrer personne, il tombe face à face avec un pigeon. Pris de panique, il s'enferme dans sa chambre. Ce n'est qu'avec un grand élan de courage qu'il parvient à sortir de sa chambrette et aller à son travail. Il est résolu à se séparer de sa chambrette pour ne plus avoir à revoir le pigeon.
Tout au long de la journée, il ne réussit pas à suivre son habituelle routine et se croit fini. Il commet quelques étourderies lors de son service du matin et déchire involontairement son pantalon pendant sa pause déjeuner : ces événements sans importance majeure prennent à ses yeux la dimension d'un drame. Il va jusqu'à envier le clochard qu'il voit tous les jours depuis des années, et qui semble incarner à ce moment un modèle d'insouciance et de liberté, très loin de ses propres angoisses. Le soir venu il va