Le fond du tiroir
« Il était une fois un homme qui se lamentait de sa malchance. « Qu’ai-je donc fait pour être si démuni ? Mais qu’ont-ils donc de plus que moi, tous ceux-là qui réussissent en affaire, en amour, et leur vie toute entière ? La chance, seulement la chance ! Ils ont la leur, mais où est la mienne ? Je donnerai tout pour connaître le secret de leur chance… Hélas que donnerais-je, puisque je n’ai rien ! Qu’ai-je donc fait pour être si démuni ? », et ainsi il se lamentait à longueur de journée.
Un jour la rumeur parvint à ses oreilles qu’un grand et vieux sage, ridé, plissé, chenu, logeait derrière la forêt, qui par sa longue expérience, ainsi que sans doute par certaines facultés plus occultes, était capable d’accéder à n’importe quelle requête. « Je pars à sa recherche ! Ce sage seul, s’il existe, saura m’indiquer où est ma chance ! »
L’homme se met en route, pénètre la forêt, et rencontre un loup qui se morfond.
« C’est bien ma chance ! Comme si je n’avais pas assez de soucis ! Pourquoi te morfonds-tu, le loup ?
– Parce que je n’ai plus d’appétit. Qu’est un loup sans appétit ? Je suis un loup en vie, mais aussi bon que mort. Connais-tu le moyen de me rendre mon appétit ?
– Cesse de te morfondre. Sache que je vais à la rencontre d’un vieux sage qui est dit-on capable d’accéder à n’importe quelle requête. Je lui soumettrai ta requête en même temps que la mienne ».
L’homme se remet en route, pénètre la forêt plus avant, et rencontre un arbre qui gémit.
« C’est bien ma chance ! Comme si je n’avais pas assez de soucis ! Pourquoi gémis-tu, l’arbre ?
– Parce que mes bourgeons ne poussent plus. Qu’est un arbre sans bourgeon ? Je suis un arbre en vie, mais aussi bon que mort. Connais-tu le moyen pour que mes bourgeons poussent à nouveau ?
– Cesse de gémir. Sache que je vais à la rencontre d’un vieux sage qui est dit-on capable d’accéder à n’importe quelle requête. Je lui soumettrai ta requête en même temps que la mienne ».
L’homme se remet en